Autoportrait de mon âme
L’arbre est toujours pour moi un sujet d’inspiration. Qu’il soit figuratif ou abstrait, l’arbre devient symbole de la vie, de ma vie. Je me retrouve dans l’arbre, je pénètre dans son intimité, et l’interprète suivant ma personnalité et mon ressenti du moment. Je ressens au plus profond de moi la vie de l’arbre, je suis arbre, et l’arbre, c’est moi. C’est ce ressenti que je cherche à rendre dans mes tableaux.
En cours de travail, je me remets continuellement en question, faisant et défaisant la masse des troncs, liant et déliant la ligne des branches, formant et déformant l’espace autour de l’arbre.
En peignant un arbre, j’écris ma personnalité. L’arbre me permet d’exprimer ma pensée et mes émotions, l’arbre me ressemble. L’arbre est complexe, il m’échappe parfois, il me pose des questions et ne m’a toujours pas donné de réponse :
En dessinant un arbre, je me pose la question « Qui suis-je ? ».
Comment représenter à la fois ma solitude indispensable à la création, et ma relation aux autres, tout aussi nécessaire ?
Travailler sur les arbres est pour moi une forme de refuge. J’ai besoin de ressentir ce sentiment de solitude. Mais j’ai aussi besoin des autres et du monde, ce réel qui souvent m’angoisse ou me désespère par sa violence et sa brutalité. Je traduis cette dualité de l’arbre, fragilité et vigueur : dans son aspect abîmé, foudroyé ou simplement tourmenté par la vieillesse, dans ses cassures il y a mes déchirures et ma tristesse.
Mais aussi l’arbre est ma force, chaque arbre peint est choisi pour son caractère vigoureux. Même torturé et vieux, l’arbre survit, et sur les troncs qu’on croyait morts, il repousse encore des branches.
Ma recherche artistique tend à établir un ressenti entre le réel et ma vie.
Technique « Abstraction figurative »
J’ai choisi d’utiliser le bitume comme matériau de base parce qu’il est symbolique de notre époque et de sa dureté. Au rythme des constructions humaines, il envahit et détruit la nature, certains arbres survivent pourtant. Dans ma technique de peinture, je retrouve la dualité fragilité-force, destruction-vitalité.
J’introduis les pigments purs et le bitume. Je projette de petites poignées de pigment, et le bitume, puis verse de l’eau. La poudre va s’agglutiner sur le relief de peinture, des superpositions avec de l’eau s’opèrent sur la toile. Ce travail dans le frais apporte des dégradés, de nouvelles nuances de brun. L’idée de tableau vient au fur et à mesure. Suivant l’effet recherché, la matière est travaillée en observant différents temps de séchages, selon la zone où j’ai mis le bitume, elle est très épaisse, ou au contraire très fluide pour matérialiser les lointains.
Dans mes tableaux, c’est la matière qui parle, ensuite je lui donne un sens, cette matière est construite par le geste sur la toile. Dans ce jeu avec les matières, sorte de lutte entre épaisseur et fluidité, j’essaie encore de trouver ma propre identité.