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Gérard Bertrand

Depuis “l’Album de Franz Kafka”, présenté en 2003 ici, à Villevêque, 11 autres séries ont été créées.
Entre chien et loup” est la dernière et elle est montrée pour la première fois.

La mélancolie semble baigner l’ensemble.

A cause, en partie, de l’ambiance sombre qui y règne et qu’on rapprochera du travail sur l’image des pictorialistes des tout débuts de la photographie. Et c’était bien l’intention.
Mais surtout parce que l’humain semble s’être absenté de ce monde entre chiens et loups.
Il a cependant laissé des traces. Des indices souvent discrets que chacun pourra rechercher en  dialoguant avec ces images exposées : ce “regardeur”, cher à Marcel Duchamp, qui finit le tableau.
A ce moment, des pistes s’ouvriront et les histoires, celles cachées et celles qui restent à inventer, prendront vie grâce à une légère sollicitation de l’imaginaire.

C’est à cet échange actif que l’auteur vous invite.

 

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[highlight]1er étage du presbytère

site internet de l’artiste[/highlight]

 

Julie Maquet

« Je fabrique des images à multiples lectures. Qu’il s’agisse de sculpture, dessin ou installations, je parle de vestiges et de nature morte, dont je me réapproprie les codes pour parler également de simulacres et d’artifices. Ces images prennent la forme de beautés monstrueuses, de corps animaux ou végétaux en mutations, en ruine, fragmentés, incomplets et imparfaits. Elles renvoient toujours, de manière indirecte, au corps humain.

En volume, je déplace de manière poétique le signe, le sens et la fonction première d’objets communs à travers un épuisant processus d’accumulation et de répétition organisée d’un seul geste et/ou d’un seul objet. Il s’agit le plus souvent d’objet de consommation, manufacturés et industriels, utilitaires, auxquels on n’accorde pas toujours une esthétique. Je les achète en gros ou les repêche du fond des caves. Ainsi, neufs ou anciens, récupérés ou achetés, parfois même destinés à être du déchet, j’utilise leur potentiel esthétique et leurs propriétés physique pour fabriquer des simulacres de la nature, qui évoquent, non sans ambiguïté, des plantes, des animaux, ou d’autres formes organiques, et qui racontent à chaque fois une histoire singulière. Ce sont des souvenirs, des expériences et des gestes réflexes face aux objets qui vont déterminer la façon dont je vais les activer, afin de provoquer leur métamorphose.

Quant au processus de répétition, en dessin comme en volume, il n’est pas sans pas sans rappeler le labeur du travail à la chaîne. Ainsi, il fait prendre son sens à la pièce terminée qui, justement, dans sa croissance automatique, parle le plus souvent d’épuisements, de corps qui n’en peuvent plus. En cela mon travail comprend une dimension narrative forte: alors qu’elles sont figées, mes pièces parlent de mouvement. De plus, mon travail est en permanence dans un va et vient entre « nature », « image » et « objet ».

A la fois la fois morbides et précieuses, mes pièces, exhibées, prennent souvent des allures de trophées qui trouvent leur place à même le sol, dans des coins de mur, qui rampent et qui pendent. Mes travaux sont des vecteurs par lesquels je souhaite interroger le monde humain, soulever ses failles, questionner ses schémas, son rapport au différent, ses notions de standard, de norme et de conformité: en fait, qui sont les monstres? J’espère qu’on pourra voir dans mon travail un miroir qui nous rappelle ce que nous sommes : humains, bancals et inexacts. »

 

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[highlight]jardin du presbytère[/highlight]

site internet de l’artiste

 

 

 

 

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Bertrand Bataille

Bertrand BATAILLE
Né à Paris en 1948.
Après des études à l’atelier Met de Penninghen et à l’Ecole Supérieure des Métiers d’Art, il réalise des illustrations pour la publicité, le cinéma et l’édition jeunesse.
Chargé de cours de dessin à l’Ecole Supérieure d’Art Graphique –ESAG Penninghen depuis 2007.
Vit et travaille à en Touraine.
« J’ai découvert dans ma pratique que ce que je ressens comme poétique arrive par surprise, dans l’aléatoire et l’inachevé. Le drolatique est caché dans le drame, la sensualité naît dans la faim et la soif. Fidèle aux images narratives, j’avance dans cet univers onirique et poétique.
Les mythes et le dérisoire, élevés au rang du Sacré dans une lumière clair-obscur, nous invitent aux rêveries. Ces mondes cachés nous donnent une lecture secrète de nous-même. Sous la banalité du quotidien se cache toujours un grouillant fantastique. La peinture est un véhicule pour nos émotions. Ce que les mots ne disent pas, le dessin nous le raconte. Je vais en quête de cette poésie cachée dans l’ombre, et qui se dévoile dans la lumière que notre regard pose sur les êtres ».

 

 

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site internet de l’artiste

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Anne Levillain

  « Je tisse, je tords, j’enroule, je noue, je coupe, j’assemble des morceaux de fil de fer. Ils se font trait de crayon.

  Ils forment des lignes droites, courbes, courtes, longues, souples, tendues, brisées, continues, interrompues, certaines se prolongeant vers l’infini…

  Les lignes légères se déploient dans l’espace et cernent des surfaces. Elles sculptent l’air l’on passe ainsi du dessin à l’ombre portée sur le mur.

  L’œil voyage dans ces parcours qui se croisent, se mêlent et se poursuivent. Ces compositions réalisées au hasard des jeux de rythmes sont des structures arachnéennes sans limites. Le résultat d’une écriture singulière et sensible. »

 

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Marion Robert

« Peindre énerve et apaise à la fois.

J’ai une pratique très spontanée du dessin et de la peinture. Un peu étourdie, je guette la surprise, captivée par les couleurs.
Pas sûr de souhaiter inscrire sur la toile aux yeux de tous ce qui m’apparaît… Les traits, les couleurs, les personnages jaillissent et en même temps se cachent. Les teintes se font plus subtiles…
Des gestes affirmés ne définissent pourtant qu’une forme vibrante. Les corps se superposent et s’entremêlent. Cette figure humaine ou animale se devine et disparaît, comme une pensée difficile à saisir. »

 

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Martine Plait

Martine Plait est artiste licier sur Angers. Elle travaille en collaboration avec le service éducatif pour les publics du musée des beaux-arts, sur différentes expositions textiles, intervenante au musée de la tapisserie contemporaine (stages adultes et enfants, ateliers scolaires).

« Je tisse sur un métier de basse lice. Je crée mes maquettes et mes cartons de tapisserie. J’ai longtemps travaillé sur le thème de l’arbre et précisément de l’écorce et de sa représentation en textile. Aujourd’hui j’essaie d’allier tôle et fils  avec toujours le même souci : la couleur avec les éléments fils, mélange de lin, de laine et de coton. »

 

Cette année encore, NOV’Art est un prétexte pour faire se rencontrer les habitants et des artistes, pour aller vers l’autre. Martine PLAÎT propose une installation textile dans le village intitulée « auprès de mon arbre ».

Chaque jeudi depuis avril, les Villevêquois(es) se donnent rendez-vous à l’Atelier. L’artiste invite les habitants à tisser, tricoter ou crocheter tous types de matériaux et de toutes les couleurs. Il s’agit de découvrir des techniques simples, de réaliser avec ses mains quelques centimètres ou plusieurs mètres d’étoffes qui viennent recouvrir des arbres sur le parcours d’art tout l’été.

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Anaïs Lelièvre

Des lettres, bribes de mots inconnus, émergent du jardin du Château de Villevêque, comme des découvertes archéologiques et énigmatiques de son histoire souterraine. Par le travail de la céramique, le texte se densifie d’une texture, évoquant autant des ruines lourdes d’un passé enfoui que des organismes indéterminés qui germinent. Entre passé et devenir, destruction et reconstitution, ces signes éclatés, lettres trouées, lacunaires, ne permettent aucune lisibilité, mais suscitent un processus du langage, où l’on cherche ses mots. Ce texte en train de se défaire ou de se former, reste incertain, inachevé, et dit dans ce suspens sourd quelque chose d’une expérience de l’indicible. L’écriture, plutôt que définitive, devient ici dynamique, poreuse, ouvrant des possibles sans les énoncer. Aussi, sa présence est-elle elle-même indéfinie, entre sculpture, texte, dessin à l’échelle d’un site, et traversée d’évocations multiples, dont aucune ne saurait lui correspondre exactement (roche, terre, fleur, chenille, mollusque, corail, dentelle, lave…). Par sa mise en situation dans le jardin du Château, sur le sol du même jardin que les visiteurs arpentent, ces lettres prennent aussi une dimension spatiale et matérielle voire incarnée. Que serait faire l’expérience d’une présence de mots striés, piquants, creusés, lacunaires, limaçant, rocailleux ? Que serait être proche de lettres disséminées, en être presque touché, jusqu’à ouvrir l’écho en soi de ses propres mots, inventés, gardés, oubliés ?

 

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Anaïs Lelièvre développe une production tant organique que contextuelle, nouant l’interne et l’externe, l’insistance d’un centre et l’adaptation à une diversité de sites et de formes. Les médiums s’y entrechoquent, se repoussent et se mélangent, donnant lieu à des manifestations hybrides et transitoires : installations de photographies numériques de sa peau ou de sa langue étendues à l’échelle du paysage ; langage saturé jusqu’à l’informe dans l’écriture, le dessin, la vidéo, la sculpture, l’installation ; sculptures-performances métamorphiques de vêtements cousus à l’élastique qui s’animent d’une vie indéfinie ; dessins griffonnés, gorgés de mots raturés, entre notes de recherches et déploiement immersif sur très grand format ; sculptures de tissus peints et plissés, telles des excroissances naturelles reluisant d’un vernis clinquant ; céramiques dont la matière devient graphique, jouant d’une affinité trouble avec ses dessins…

 

En se déplaçant d’une forme à une autre, sa création interroge une dynamique de polymorphie qui s’enracine dans la question de l’origine du vivant et de la multiplicité qu’elle porte en puissance. Un même fil esthétique transite des lignes vibratiles aux plis sculptés et performés qui prolifèrent à l’échelle de contextes variés. Le primat est donné à la matière, incarnée et indistincte, dont la force de croissance impulse ses métamorphoses internes autant que ses relations au monde. Anaïs Lelièvre intervient ainsi dans des cadres spécifiques qui l’amènent à concevoir des œuvres qui se redéfinissent dans leur adaptation à divers sites. Ce processus de démultiplication et d’expansion évoque celui d’amas cellulaires qui puisent dans une même source pour impulser leur différenciation, ou celui de planctons (du grec planktos « errant, instable ») tentaculaires, flottant en dérive et nourrissant d’autres organismes. Par une relation élastique aux volumes et performances qui débordent et se répandent, le dessin contracte, concentre, resserre un centre. Il cherche dans un griffonnage ou raturage acharné à cerner l’incernable d’une matière qui l’agite et le fait s’exorbiter.

 

Cette matière profuse et incertaine est à la fois chaos et matrice, plissée et en déploiement, trou noir et émergence hallucinatoire : elle est lave et crachat, pustule et habitat, cellule et constellation, pollution et embryon, dedans et dehors, sans être l’un ou l’autre. Opérant souvent par déstructuration (fusion, brouillage, ébullition, plissement, froissage, rature, gribouillis, recouvrement…), son processus cherche à donner forme à l’indéterminé, à ce qui existe avant toute mise en forme, telle une puissance germinante non encore structurée. Dans leurs relations à l’insaisissable, ses productions s’éprouvent comme des tentatives insistantes, creusant et butant contre l’infigurable, prenant autant l’image d’une couche épidermique que d’une explosion de chair, d’une limite qui enserre et retient que d’une dynamique qui la déborde. C’est aussi pourquoi sa pratique rebondit d’un état (forme, médium, espace) à un autre jusqu’à engendrer des configurations hybrides ou entre-deux, partant de l’exploration des possibles vers leur dépassement, comme un ressort dialectique entre un cadre structuré et une déstructuration qui tend à l’excéder.

 

 

 

DESSIN ET CERAMIQUE :

Avec la pointe métallique du rotring, mon geste est celui de taper, qui finit en glissant dans l’après-coup de l’impact ; aussi de gratter. La feuille de papier est surface, ce qui est sur, avec quelque chose dessous, qui n’est plus le mur. Percussion : ça cherche quelque chose dessous, ça vise, mais ça bute en surface, le dessin est sans cesse ce dessein qui rate. En cela il semble gravure mais n’en est pas. C’est dans ce rapport, qui se décale du dessous au dessus, de la profondeur à la surface, du tout près au très loin, que ça vibre et que ça vit. Cherchant à cerner autrement ce qui s’y joue, des mots griffonnés et raturés, recouverts ou recouvrant, se débordent et se distordent, ouvrant à une lecture non linéaire, ponctuée et rebondissante de ses manques. Et cette tentative de perforation et d’énonciation qui devient lignes, tracés sismiques, est ce qui fait que le dessin persiste actif, réactivant sans cesse, dans l’espace du regard, son processus d’émergence.

 

Entre dessin, performance, sculpture et installation, un même fond impulse et relie chaque pièce comme des îles (telles ces îles désertes qui, dans les mots de Deleuze, surgissent, se séparent, disparaissent et reviennent), chaque médium se cherchant transversalement dans l’autre où il n’est pas. Aussi, les dessins tendent-ils vers une dimension sculpturale, et les céramiques se strient-elles d’un geste rythmique que Leroi-Gourhan excavait à l’origine du graphisme (Le Geste et la parole). Percussion, incise, grattage sans charge d’encre, mais chargés d’ombres versatiles, font saillir en lumière des présences indéfinies, entre pierres de lave spongieuses, volcans déracinés, mollusques craquelés, coraux entre roc et fluide. Cette matérialité métamorphique, limaçante et rocailleuse, pointue parce que creusée, vient encore dire quelque chose de la densité poreuse et épaisse du langage tel un « trou […] sur le bout de la langue » (Liliane Giraudon, L’amour est plus froid que le lac).

 

 

 

ELEMENTS BIOGRAPHIQUES :

Anaïs Lelièvre est née en 1982 aux Lilas et diplômée de l’université Paris 1 (Doctorat, 2012) et des Beaux-Arts de Rueil-Malmaison (DNAP, 2011) et de Rouen (DNSEP, 2013). Elle développe une pratique polymorphe : installations d’images numériques (2007-2010), productions autour du langage (depuis 2010), sculptures-performances (depuis 2012), et actuellement des dessins et des céramiques.

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Patrice Lebreton

« Enfant, la nature était mon terrain favori d’aventures:  cabanes, radeaux ,châteaux, ponts , barrages … Construire et jouer sur place avec ce qui était à ma disposition.
Éphémères travaux utilisant le cadre et les matériaux de la nature qui restaient là quand le dimanche finissant, il fallait rentrer à la maison. Adulte, mon métier de céramiste m’a absorbé en son antre de feu et j’y consacre le plus clair de mon temps et de mon énergie. »

Le land art est pour moi un moment intense d’activité et de plaisir.

« Travailler en cherchant un équilibre, en collectant, ajustant, ordrant ce que m’offre un lieu et ses matériaux.
J’y invite des amis, ma femme mes enfants. C’est une expression libre où chacun peut trouver sa place avec humilité. L’essentiel est le regard porté sur l’environnement et ce qu’il nous propose ; les « trouvailles » du groupe peuvent parfois s’ordonner ensemble.
Différentes expériences me montrent qu’une construction fédératrice cristallise au départ le groupe et le fait entrer en communication avec le lieu et ses richesses. »

 

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BOS.

Apprentissage du bonheur (Gérard Forche)

Lorsque, pour la première fois, je rencontre l’oeuvre de Bos, je suis immédiatement enthousiasmé, stupéfait par la puérilité à la fois intacte et perfectionnée du trait. Une candeur, une joie de la découverte saisissante, communicative, prodigieusement orchestrée, mise à disposition de l’émotion et de l’intelligence.

« La vie est belle » et Bos nous le prouve avec une apparente simplicité, justesse et un génie déconcertant… patent! La vie serait construite dans l’unique but de nous rassembler dans un émerveillement, une contemplation fusionnelle, où le sourire de chacun participerait à la signature de cette gigantesque oeuvre collective. 

 

 
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Jean-Gilles Badaire

Jean-Gilles Badaire est né en 1951. À la fois peintre, dessinateur et écrivain, il s’est imposé comme une figure majeure en France, à la croisée de la poésie et de la peinture.

Tous les formats sont les siens, de l’échelle monumentale adaptée aux demeures historiques (Château de Chambord) et aux espaces extérieurs, au volume réduit inhérent aux pages de carnet et de livre.

Parmi ses collaborations, citons : Joël Bousquet, Bernard Noël, Blaise Cendras, René Daumal, Giuseppe Ungaretti, Julien Gracq, François Augiséras, Salah Stétié…
Badaire aime voyager, et sa peinture, nomade, emporte le spectateur à travers des cycles successifs : Villages dogon, Fétiches, Pots… Qu’il passe par la figure humaine ou la nature morte, le grand ou le petit format, son travail présente une dimension onirique propice aux vagabondages de l’âme.

Artiste à la croisée de la peinture et de la littérature, Jean-Gilles Badaire traverse les genres classiques tout en utilisant des matériaux volontairement pauvres (cambouis, cendres, huile de vidange…). Son oeuvre est construite sur des figures récurrentes, organisées en série, et qui convergent autour de motifs végétaux, humains ou mythologiques.

 

 

 

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